LES PRINCIPALES FONCTIONS DU ROMAN
LES PRINCIPALES FONCTIONS DU ROMAN. CHAPITRE 3. ENTRE ÉTAT D’ÂME ET ÉTAT D’ESPRIT INTRODUCTION. Si « l’état d’âme » est tout ce qu’on éprouve sur le cœur et qu’on extériorise, un « état d’esprit », lui, exprime ce qu’on a …
LES PRINCIPALES FONCTIONS DU ROMAN.
CHAPITRE 3. ENTRE ÉTAT D’ÂME ET ÉTAT D’ESPRIT
INTRODUCTION.
Si « l’état d’âme » est tout ce qu’on éprouve sur le cœur et qu’on extériorise, un « état d’esprit », lui, exprime ce qu’on a dans la pensée. Ils sont si liés, si réconciliables, qu’on les retrouve dans un même corps de personnage romanesque, l’un n’étant que le produit de l’autre et vice-versa.
1. L’état d’âme
Des écrivains emploient aussi le roman afin de mettre en scène l’homme en lutte avec ses passions, ses propres sentiments. Les actions y existent certes mais elles sont rares ; les plus fréquentes se passent de l’intérieur, dans la psychologie des personnages. Les interrogations, les moments d’angoisse, les dilemmes… constituent le lot quotidien auquel ceux-ci font face ; la plupart sont en proie à des dilemmes, des situations apparemment insurmontables. Certains en sortent affranchis et agrandis ; d’autres en sont à jamais esclaves. Le romancier trace ainsi au lecteur, de manière explicite ou implicite, les voies et moyens à arpenter pour éviter les excès passionnels qui aveuglent, surtout si on sait interpréter, à travers le succès ou l’échec du personnage en question, et savoir si le résultat des choix ou des actes posés nécessite qu’on s’en inspire ou qu’on s’en méfie, si la même chose devait nous arriver un jour. Ces personnages sont certes des « êtres de papier » mais rien ne les différencie du commun des mortels puisqu’ils éprouvent des sentiments universels.
Ces romanciers qui illustrent ce projet d’écriture s’expriment en général dans le ROMAN D’ANALYSE, le ROMAN ÉPISTOLAIRE, le ROMAN AUTOBIOGRAPHIQUE… D’ailleurs, nous en avons l’illustration avec La Princesse de Clèves, roman dans lequel Madame de La Fayette décrit en détail les émois et la bataille psychologique où se trouvent confinés les personnages, les uns pour attendrir ou conquérir l’objet de leur passion (M. de Clèves et M. de Nemours), les autres (Mme de Chartres et sa mère) pour le repousser avec délicatesse à cause de la morale et la bienséance.
2. L’état d’esprit
Un état d’esprit exerce toujours ses actions ou ses effets dans la pensée, que ce soit dans celui de l’auteur, du lecteur ou des personnages. D’abord, pour ce qui s’agit de l’auteur, généralement, si ce n’est pas en rapport avec sa vraie personnalité (ROMAN AUTOBIOGRAPHIQUE), sa philosophie (ROMAN PHILOSOPHIQUE), son état d’esprit illustre son engagement (ROMAN DE MŒURS). D’ailleurs, c’est pour la première raison que Rousseau affirmait dans la préface des Confessions (1782) : « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature. Et cet homme, ce sera moi. Moi seul ». Puis, pour ce qui s’agit du lecteur, c’est l’occasion de prendre conscience de son existence d’abord, de savoir ensuite qu’il n’a pas une vie à lui tout seul et qu’enfin un roman est un excellent moyen de prendre du recul et de trouver un renfort de réconfort dans la solitude puisque la lecture, comme le travail, « éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin », comme disait Voltaire. Montesquieu avouait lui aussi en ces termes : « je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipée ». Pour ce qui s’agit des personnages enfin, comme on a l’habitude de le dire, ce sont des « êtres de papiers » ; leurs actes, leurs paroles, leur existence sont comme des traits d’union entre l’auteur et le lecteur dont ils prolongent la pensée universelle, l’esprit de jugement, le discernement du bien du mal. À ce propos, Stendhal affirmait : « un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c’est l’âme du lecteur ».
CONCLUSION.
En somme, le romancier peut s’adonner à un projet d’écriture qui s’emploie à exprimer l’intimité si intrigante de la nature humaine. Cet artiste est tout aussi capable de révéler sa propre façon de penser ou de voir le monde sous des angles trés divers.